S.O.S j'ai perdu mes clés ! (jahan)

Ta vie n'arrêtait pas de changer, décidément. Tu avais vraiment imaginer, durant un moment, que tu étais installée à Miranoir définitivement, mais visiblement, te poser pour trop longtemps ce n'était pas ton genre … quoi que, pour cette fois, ça n'était absolument pas de ta faute. Miranoir avait été une passe importante de ta vie, cela dit. Des mois, une année même, très riche en rebondissements, en changements, et en évolution. Ça avait marqué la fin d'une époque, la fin de ton appartenance à la Team Aqua, et tu avais rompu le contact avec des gens que tu avais pourtant aimés de tout ton cœur.  C'était comme ça. Tu n'étais pas triste, tu n'en étais plus à ce stade, même si ça avait été difficile pour toi de faire une croix sur tout ça, et de reprendre une vie saine, et tranquille. C'était en grande partie grâce à Jahan que tu allais mieux. Toi qui avais perdu contact avec ton frère, durant toutes les années que tu avais passé à vadrouiller avec Arthur et ses sbires, tu te rendais compte que son idée de te rejoindre à Miranoir avait été la meilleure du siècle. Il avait compris. Il t'avais soutenue. Il avait été là, pour toi, comme depuis toujours. C'était fou, au fond, à quel point Jahan pouvait être un frère dévoué. Il était si présent pour toi, que parfois, tu te demandais comment ça allait se passer, pour toi, comme pour lui, le jour où il déciderait de faire sa vie, peut-être d'avoir une femme, voir des enfants, ou d'avoir un homme, peu importe. Toujours est-il que tu t'étais toujours imaginé que le rôle de père de famille irait merveilleusement bien à Jahan. Il était doux. Il était patient. Il avait toutes les qualités pour ça … Mais tu n'avais pas envie que ça se produise maintenant pour autant. Et oui. Tu approchais dangereusement de la trentaine, et tu avais toujours énormément besoin de ton frère, c'était comme ça. Au point où lorsque tu avais trouvé ton appartement, tu lui avais immédiatement parler de l'appartement voisin, qui était disponible, afin qu'il vienne s'installer au plus près. C'était mieux comme ça. Chacun avait son espace, pas comme à Miranoir où tu avais finalement du te résoudre à aller envahir celui de ton frère.

C'est à Stellaris que tu avais dénicher la perle rare. Un petit appartement, dans un petit immeuble. Quelques voisins, mais pas tant que ça, un loyer correct pour un ranger comme toi, et surtout, une ville vivante et animée. Tu t'y sentais bien. Astéria représentait encore un mystère pour toi, mais c'était d'autant plus intéressant. Tu avais envie de tout voir, tout visiter. Tu voulais découvrir les Pokémon du coin, et reprendre ton activité de ranger ici. D'ailleurs, il te semblait qu'il y avait bien plus de travail à Astéria qu'à Miranoir, et ce n'était pas pour te déplaire, tu avais besoin et de renouveau. D'ailleurs, tu avais même confier tes Pokémon à tes parents, y compris Tezca qui malheureusement, était tombé malade durant le voyage de retour jusqu'à Poivressel. Il allait mieux, maintenant, mais il était encore un peu faible et tu avais décidé de le forcer au repos, chez tes parents, parce que tu savais que ton Démolosse avait beaucoup trop tendance à se montrer protecteur avec toi. Tu ne voulais pas qu'il s'épuise pour des choses futiles, tu tenais tellement à lui. D'ailleurs, tes parents avaient promis de te l'envoyer dés qu'il serait totalement rétabli et tu n'attendais déjà que ça.

La journée avait passé rapidement. Tu avais fais quelques petites tâches de routine, avant de finalement rentrer chez toi. Le matin, tu étais déjà en retard, et tu étais partie très précipitamment de l'appartement. Du coup, lorsque tu t'étais retrouvée dans ta porte, en fin d'après midi, tu t'étais rendu compte que tu avais juste claquer la porte … mais tu avais aussi laisser tes clés à l'intérieur. Tu étais donc enfermée dehors, malgré ton envie, ton besoin même de manger, de boire surtout, et de prendre une douche aussi. « Oh ça va Ciboulette, ne me regarde pas comme ça. » Oui, tu l'avais appelé par son nom entier. Ça voulait dire que tu étais maintenant de mauvaise humeur, et que tu n'avais clairement pas besoin de son espèce de regard très réprobateur. Tu le savais qu'il avait faim, d'abord. « Panique pas, on va voir si Jahan est là. » Oui, parce que, quand même, tu avais eu l'idée de génie de filer le double des clés de ton appartement à ton frère. C'est donc d'un pas traînant, suivi d'un Cabriolaine qui se plaint, que tu te diriges vers la porte voisine pour y donner quelques coups discrets. Plus qu'à espérer qu'il soit là … sinon tu n'aurais plus qu'à rester là, assise dans le couloir pour attendre qu'il rentre.

Spoiler:

Stellaris, ville mouvementée, ville en mouvement, éternelle jeunesse qui va et vient au gré de ses habitants sans fatigue. Jahan ne pouvait pas prétendre faire partie de des jeunes adultes qui profitent de la ville, il avait déjà la trentaine entamée. Mais il aimait l'activité incessante de la vie citadine, même si jusque là il n'avait pas vraiment eu le loisir d'en profiter, trop occupé avec ces fameux pokémons sauvages agressifs. Un phénomène dont le mystère restait entier pour tout le monde, et les scientifiques de toute l'île se penchait sur ces cas étranges. Et à qui revenait la tâche de seconder les scientifiques et de calmer ces bestioles enragées ? Les Rangers. Oh oui, son déplacement à Astéria n'aura pas été inutile, et celui de Karel non plus.

Bien sûr que sa soeur l'avait suivi, même si la réalité était plutôt l'inverse. Il l'aurait suivie au bout du monde, si elle l'avait désiré. Même si ce déménagement n'avait été que forcé par la Nature impétueuse, qui avait décidé d'engloutir Miranoir sous les flots. Il avait du faire vite, ils avaient fait un passage par la maison Ashcroft à Poivressel, où le frère et la soeur avaient laissés leurs fidèles compagnons pour qu'ils se reposent après toute ces aventures, où ils étaient bien évidemment certains qu'ils seraient chouchoutés. C'est là-bas qu'il avait d'ailleurs recueilli Shama, blessée et affamée.

La petite héricendre pointa son nez du grand sac plastique où Jahan avait entassé ses courses du jour. Elle s'était d'ailleurs sûrement déjà servi dans le sac de croquettes et afficha une mine repue et rayonnante à son maître qui soupira. Il était décidément beaucoup trop laxiste avec elle. Une fois à l'appartement, elle se contentera de se dandiner jusqu'au canapé, et d'y faire une sieste bien méritée : les balades, ça fatigue. Appartement qui avait été trouvé par Karel, voisin au sien. Une opportunité qu'il avait saisi au vol, qui lui seyait parfaitement. Ils pouvaient veiller l'un sur l'autre, tout en ayant leurs espaces personnels.

Mais il fut bien surpris, en accédant au couloir de leurs appartement, de trouver sa soeur assise en tailleur à même le sol, à côté de sa porte, et manifestement boudeuse. Son Cabriolaine, qu'elle avait aussi adopté à Poivressel, poussait des cris plaintifs, étalé à côté d'elle. L'image de sa soeur boudeuse et manifestement enfermée dehors le fit rire alors qu'il déposait doucement le sac de courses à ses pieds pour offrir un atterrissage en douceur à Shama. « Eh bien, que se passe-t-il ? Tu as perdu tes clés ? »

Fouillant ses poches, il en extirpa ses clés, et ouvrit sa porte d'un tour de poignet. Il doutait que Karel attende une invitation de sa part pour entrer, elle savait très bien qu'elle était ici comme chez elle, mais il laissa le battant grand ouvert pour elle et Ciboulette, alors qu'il récupérait ses courses et entreprenait de les ranger mécaniquement. Il en profita aussi pour rapidement faire disparaître quelques fringues sales qui traînaient devant la salle de bain, et faire une pile ordonnée de tous les papiers accumulés sur un coin du plan de travail de la cuisine. « Ca a été ta journée, à part cette perte ? » lui demanda-t-il à la volée pour faire la conversation d'un sourire amusé.

Remarquant Ciboulette qui tirait une tronche de six pieds de long, il désigna du menton le sac de croquette éventré par de petites dents aguisées n'appartemment absolument pas à une certaine héricendre. « Tu peux lui servir, il doit y avoir une gamelle dans un des placards. » Par contre, Shama avait disparue à partir du moment où ils étaient entrés. Il fallait vraiment qu'il soigne la timidité de la demoiselle. Il aurait pensé qu'elle se serait habituée à Karel, la côtoyant quasiment tous les jours, en vain... Il faut dire qu'il avait fallu du temps pour que la Héricendre cesse de trembler comme une feuille dans ses propres bras. Mais elle allait bien sortir de sa cachette à un moment ou un autre. Il entreprit donc d'ouvrir le frigo d'une moue désabusée. « Tu as faim ? »  demanda-t-il en se tournant vers sa soeur.

Aucune réponse … ça voulait bien dire ce que ça voulait dire : Jahan n'était pas là. Bon, finalement, c'était peu étonnant. Ton frère était comme toi, il bougeait souvent. Il avait une jeune Héricendre à éduquer, et entraîner, il avait son boulot de Ranger, et puis, évidemment, il avait sa vie, quoi. Maintenant que tu n'étais plus constamment chez lui, que vous n’étiez plus tout le temps collés l'un à l'autre, pour ainsi dire, il avait sans doute plus de temps pour vivre une vie normale, pour faire des rencontres, pour se trouver des amis et le tout, sans que tu ne sois forcément au courant. Même si Jahan avait en réalité tendance à te parler de tout très naturellement, et toi aussi. De toute façon, de ton côté, il était hors de question que tu remettes à lui cacher des choses. Lui déballer tout concernant la Team Aqua avait été un soulagement, et tu t'étais jurée que maintenant, tu lui dirais tout. Peu importe que ça ne soit pas bien glorieux. Plus de secrets !

Ciboulette s'était mis à s'agiter. A sautiller. Il n'était pas spécialement très heureux de devoir patienter ici dans le couloir, il aurait sans doute préférer ressortir d'ici et repasser plus tard, mais tu n'en avais pas très envie. Tu voulais rentrer, rien de plus, rien de moins. Du coup, tu t'étais finalement assise au sol, à côté de la porte de l'appartement de ton frère. Il n'allait sans doute pas tarder … Mais tu avais tout de même attendu une bonne demi-heure. Trente longues minutes ponctuées de signes avérés de mauvaises humeurs chez ton Cabriolaine, et de commentaires agacés de ta part. Finalement, Jahan avait quand même pointer le bout de son nez, les bras chargés de courses. Il s'approche, déposant ses courses à côté de toi pour chercher ses clés – lui au moins avait eu l'idée de les prendre, c'était mieux – et en riant devant le spectacle un peu pitoyable que lui offrait, avec Cibou. « Même pas … je crois que je les ai oubliées en sortant ce matin. Et j'ai claquer la porte, du coup ... » Du coup, on connaît la suite. Tu es enfermée dehors. Bon sang. Heureusement que ton voisin était ton propre frère. Ce genre de trucs pouvait t'arriver sans que ça ne te fasses paniquer, puisque tu savais que tu pouvais dormir chez lui, mais aussi que tu lui avais filer un double de tes clés.

Tandis que ton frangin ouvre enfin sa porte, qu'il ramasse ses courses, tu te redresses, poussant Ciboulette du pied pour la forcer à entrer chez Jahan, avant de la suivre et de refermer la porte derrière toi. Le Cabriolaine, toujours boudeur, se met à fouiner dans l'appartement, comme à son habitude, tandis que ton frère lui s'affaire visiblement à ranger quelques bricoles auxquelles tu ne prêtes pas attention, avant de ranger rapidement ses courses. « Ça a été oui … Plutôt calme en fait. » Fallait dire que tu n'avais rien fait d'extraordinaire. Tu prenais des missions calmes et faciles, histoire de ménager un peu Ciboulette. Il avait encore grand besoin d'entraînement, avant de se lancer dans des choses comme tu aurais pu en faire lorsque tu avais encore Saphir et Tezca. « Je suis restée en ville. » Léger sourire, juste parce que lui sourit. Tu le comprends, tu aurais sans doute réagi de la même manière à sa place.

Jusqu'ici appuyée contre un comptoir, tu bouges pour attraper le sachet de croquette déjà ouvert, puis, tu viens ouvrir un placard non loin de ton frère pour attraper une gamelle dans laquelle tu verses un peu de nourriture avant d'appeler Cibou pour qu'il vienne se calmer un peu en mangeant. « Shama s'est encore enfuie ... » Bon. C'était normal. Elle n'avait pas encore particulièrement envie de te côtoyer, elle ne te connaissais pas encore assez, sans doute. Du coup, elle te fuyais, mais tu avais bon espoir que ça finisse par lui passer. Elle était craintive, peut-être un peu timide aussi, du coup, tu ne pouvais pas lui en vouloir. Tu fais quelques pas dans l'appartement, te dirigeant vers l'un des meubles, ouvrant un tiroir. Ici, tu étais comme chez toi. Tout comme Jahan était comme chez lui chez toi. Tu pouvais bouger, fouiner, tu savais que ton frère n'allait pas t'en vouloir. Tu refermes le premier tiroir, en ouvrant un second, pour y trouver ce que tu cherches. « J'ai ! » Tu fais tourner les clés, grâce à l'anneau à ton doigt, et satisfaite tu reviens vers la cuisine, et surtout vers ton frère, venant finalement grimper sur un comptoir pour t'y asseoir. « Et toi alors ? T'as bosser ? T'as fais des trucs intéressants ? »